Témoignage de Monsieur Xavier HESSEL
"Feue mon épouse, née en 1947, a été suivie toute sa vie par le Professeur Marcel LEGRAIN. Atteinte d'infections urinaires à répétition dès son enfance, c'est lui qui la soignait à l'Hôpital Foch à Suresnes (mes beaux-parents habitaient alors Boulogne).
En 1966, suite à un coma et à un blocage de ses reins par photo-sensibilisation au NEGRAM (alors inconnue), il l'a admise à Foch et le Professeur René KUSS a pratiqué sur elle une greffe de rein, un rein de son père, le 13 décembre. Elle a été je crois la troisième greffée à survivre.
Il l'a suivie pendant toute sa vie, avec une humanité sans pareil.
Quand j'ai souhaité épouser ma femme (1973), nous sommes allés le voir (ma future épouse habitait alors Toulouse) pour avoir son avis car nous voulions avoir des enfants. Il a été franc et nous nous sommes mariés, connaissant les risques. Ma femme a été parait-il la première greffée en France à avoir un enfant, puis 2 enfants.
Pour sa première grossesse elle était suivie au service de néphrologie de l'Hôpital Purpan à Toulouse. Pour la seconde, en Arcachon où il n'y a pas de service de néphrologie, nous lui avons téléphoné en lui disant que nous étions prêts à nous installer à Paris momentanément pour qu'il suive cette grossesse. Il nous a téléphoné quelques jours après pour nous dire que ça n'était pas la peine car on avait sur place un bon gynécologue (c'était justement celui de mon épouse) et qu'il pouvait le contacter à tout moment. Je ne doute pas qu'il y ait eu des contacts réguliers et que Marcel LEGRAIN était à l'écoute pour donner de bons conseils.
En juin 1984 nous sommes remontés à Paris le voir et lui présenter nos 2 filles, en bonne santé. Ce sont aujourd'hui de belles femmes, mariées et mères de famille.
Plus tard, quand la santé de mon épouse s'est dégradée, il était toujours là, au téléphone. Je pouvais lui téléphoner; il répondait. Et aussi il nous téléphonait. Je n'oublierai pas la tête de notre médecin de famille un jour au chevet de ma femme. Il était perplexe, ne sachant pas quoi faire. Je lui ai dit : J'ai téléphoné à LEGRAIN. Sourire sceptique du toubib ... Et puis le téléphone a sonné. C'était Marcel LEGRAIN qui prenait des nouvelles !
Mon épouse est décédée à Bordeaux, pour une raison inconnue, le 24 avril 1986 à l'Hôpital Pellegrin et, ironie du sort, c'est une interne nommée LEGRAIN qui a signé son acte de décès. La boucle était bouclée ...
Marcel LEGRAIN était un homme bien et bon, que je vénère pour sa compétence et son humanité."