Eloge par F. Mignon - Diaporama
Monsieur,
Je suis impressionnée de m’adresser à vous en présence de nombreux Collègues qui, tous, vous ont en très haute estime. Vous êtes, en effet, un Très Grand, de votre Pays, du Nôtre, de la Médecine et de la Néphrologie.
Né à Djerba, vous avez, adolescent, quitté votre douce patrie pour venir étudier la Médecine à Paris. Vous y fûtes successivement : Interne des Hôpitaux, Chef de Clinique et enfin Professeur de Médecine.
C’est alors que vous avez décidé de rentrer à Tunis pour y bâtir, entre autre, la Médecine Interne. Très vite, vous avez su fédérer autour de vous des élèves brillants, tous des personnalités. Vous leur avez donné les moyens d’acquérir l’excellence, chacun d’eux dans une spécialité différente : Endocrinologie, Diabétologie, Hypertension artérielle, Rhumatologie et bien sûr Néphrologie, spécialités toutes susceptibles d’enrichir votre Médecine Interne. Cette excellence, ils vous la doivent car vous êtes un enseignant hors du commun. Vous avez tenu aussi à ce que chacun bénéficie d’une formation à l’étranger, en privilégiant celles données dans les Services de Médecine en France, dont vous êtes toujours resté très proche.
Votre œuvre demeure. C’est le Service de Médecine Interne de l’Hôpital Charles Nicolle à Tunis, maintenant dirigé par l’élève qui vous est si cher, notre hôte de cette semaine, le Professeur Hédi BEN MAÏZ. Rien d’étonnant à cela puisque, comme Interniste, vous avez toujours eu une “ enfant chérie ”, la Néphrologie.
Cette spécialité, vous l’avez découverte à Necker dans le Service du Professeur HAMBURGER. À la fin des années 50, vous avez participé à l’épopée des premières dialyses, réservées à l’époque aux malades atteints d’insuffisance rénale aiguë. Dès 1963, vous avez introduit cette technologie à Tunis et, en 1968, vous avez débuté les programmes de dialyse chronique. C’est aussi sous votre autorité que fût mis en place le programme de transplantation rénale à partir de donneurs vivants et aussi en état de mort encéphalique.
Dans le même temps, vous avez développé les programmes de prévention des maladies rénales et, par vos travaux, contribué à une meilleure compréhension de leur physiopathologie. Le Laboratoire d’Histo-Pathologie rénale de Tunis, c’est aussi votre œuvre, réalisée dans le cadre d’une collaboration avec le Service du Professeur Gabriel RICHET à Tenon.
Tout ceci vous l’avez construit en tenant compte des particularités géographiques, économiques, culturelles de votre pays. Vous avez su imaginer des solutions pour que l’offre de soins atteigne les régions les plus lointaines de votre capitale.
Persuadé que l’avenir dépend de la qualité de l’enseignement donné aux plus jeu-nes, vous avez formé des générations de Néphrologues. Ceux qui ont eu le privilège de les accueillir en France ont toujours remarqué la qualité de leur sens clinique, acquis à votre École. Vous attachez en effet une grande importance à l’interrogatoire et à l’examen clinique minutieux que les technologies sophistiquées actuelles ne remplaceront jamais.
Toutes vos qualités, vos convictions et votre puissance de travail, vous les avez aussi mises au service :
La France vous est restée chère. Je rappellerai seulement que vous êtes Membre Correspondant de l’Académie de Médecine et que vous avez été Expert Clinicien auprès du Ministère Français de la Santé Publique.
Je terminerai en soulignant la place privilégiée que vous occupez dans la Néphrologie Française et Internationale. Vous avez initié et animé, ici même à Tunis, de nombreux Congrès. Comme nous l’avons rappelé mardi, vous avez reçu notre Société de Néphrologie en 1984. Vous êtes à l’origine du jumelage entre les Hôpitaux Charles NICOLLE de Tunis et de Rouen, si riches, depuis, de réalisations.
Vous nous avez aussi donné votre élève, Hédi BEN MAÏZ. Je sais que sa joie est immense de vous voir honoré ce soir.
Monsieur, votre pays vous a décerné de nombreuses distinctions, en reconnaissance de vos qualités intellectuelles et humaines, de votre immense culture et pour votre œuvre de visionnaire. Ce soir, en vous remettant la médaille Jean HAMBURGER de notre Société, je voudrais savoir traduire la très haute estime, l’admiration et la reconnaissance que vous porte notre Communauté.
Françoise MIGNON