Eloge par F. Mignon - Réponse de C. Jacobs - Photos remise médaille
Diaporama F. Mignon et C. Jacobs
Mon Cher Claude, Messieurs les Présidents, Chers Amis,
Cette année, notre Société a choisi de remettre la médaille Jean Hamburger à un collègue connu et estimé de tous, Claude JACOBS, Professeur Emérite de l’Université Paris V.
Claude JACOBS est né à Strasbourg. Il a connu très tôt des moments difficiles : d’abord sous l’occupation lorsqu’il était jeune collégien, puis, plus tard en Algérie où il servit la France dans une région particulièrement exposée.
C’est ensuite que débute sa carrière : 47 ans nous séparent de ce cliché pris, à l’Hôtel-Dieu. Vous reconnaîtrez facilement, au 2ème rang, le jeune Interne des Hôpitaux de Paris qui découvre la réanimation néphrologique naissante. Celui qui sera son Maître et surtout son ami très cher, le Professeur Marcel LEGRAIN, l’initie aux subtilités des troubles hydro-électrolytiques et aux possibilités qu’offre la dialyse péritonéale chez les patients atteints d’insuffisance rénale aiguë.
Mais, à cette date, B. SCRIBNER vient d’intervenir au Congrès d’Evian : grâce à des dialyses itératives, quelques malades survivent à l’urémie terminale. Claude comprend, l’un des tous premiers en France, qu’un vaste domaine va s’ouvrir. Il n’hésite pas et part à Seattle. Trois mois seront suffisants pour achever de le convaincre : la Néphrologie va devenir une Médecine Interne instrumentalisée. Il lui consacrera sa vie professionnelle.
C’est d’abord l’engagement dans le combat héroïque de la fin des années 60. Les moyens humains et matériels manquent cruellement. Il faut choisir les malades qui vont bénéficier des traitements dialytiques. Ceux-ci sont réalisés à l’aide d’appareils, aussi rudimentaires qu’encombrants, tel celui qu’il utilisait la nuit à l’hôpital Foch et qui avait été financé par les fonds propres d’un patient traité dans l’établissement. Claude aime à évoquer cette époque : les médecins pouvaient alors librement exercer leur créativité sans être freinés par les carcans rigides qui encadrent à l’excès l’exercice actuel de nos jeunes.
Cette œuvre de pionner, Claude JACOBS la poursuit ensuite à l’AURA où il dirige pendant 6 ans le Centre Pasteur Vallery-Radot, avant de devenir Chef du service universitaire de Néphrologie à la Pitié Salpêtrière.
Vous le voyez, ici, entouré de son équipe qui lui voue affectation et respectueuse admiration.
Généreux, soucieux de faire partager son expérience au quotidien, le Patron attire Internes et Chefs de Clinique, mais aussi de nombreux médecins venus de tous les continents. Il veille à l’épanouissement de ses proches collaborateurs, les aidant sans relâche à réaliser leurs travaux dans les différents domaines d’excellence qu’ils ont librement choisis.
L’Ecole de La Pitié est, en particulier, l’une des premières à proposer aux diabétiques les programmes de dialyse / transplantation. Elle contribue aussi à la diffusion, à leur juste place, des techniques de dialyse péritonéale. Très tôt, elle s’intéresse à la néphro-toxicité des médicaments et l’équipe reste, à ce jour, l’une des plus actives, en matière de pharmaco-néphrologie.
Parallèlement, le Professeur Claude JACOBS, travailleur acharné, participe activement à la vie de la Communauté Néphrologique nationale et internationale.
Secrétaire général de notre Société de 1979 à 1987, il met en place le 1er Registre des dialysés : Diaphane. Persuadé de l’importance d’un tel outil, autant pour les professionnels que pour les gestionnaires, il l’assume malgré le scepticisme de certains et le support matériel insuffisant des Administrations Ministérielles successives. Vingt ans de combat jusqu’à la naissance de REIN.
Longtemps représentant de la France au Comité du Registre de l’ERA-EDTA, Claude JACOBS s’implique dans les activités de cette Association. Ce qui lui vaut, en septembre 1992, l’honneur d’organiser et de présider, à Paris, le 29ème Congrès : un grand moment de notre histoire !
Bien d’autres instances le solliciteront. Doué d’un remarquable esprit de synthèse et au surplus polyglotte, ses interventions sont très recherchées. Mais Claude aime aussi l’écrit. A ce titre, il a beaucoup publié et participé aux Boards de revues prestigieuses. Impossible de les citer toutes, mais comment ne pas mentionner NDT et AJKD. Et qui, ici, n’a pas, de nombreuses fois, apprécié la lecture du célèbre Textbook : Replacement of Renal Function by Dialysis dont il fut l’un des principaux co-auteurs.
Claude JACOBS aime enfin les voyages. Il ne compte plus ses tours du Monde pour faire partager son savoir et s’enrichir de discussions, aussi à l’aise dans des milieux académiques que dans des réunions plus informelles.
Claude JACOBS ne compte que des amis. Accueillant, toujours disponible, confident sûr, il ne se départit jamais de son chaleureux sourire. Mais ne vous y trompez pas, c’est aussi un homme de conviction. Il sait les défendre, sans jamais se départir de son calme et dans le respect de ses interlocuteurs quels qu’ils soient.
Ce soir, mon Cher Claude, c’est la Société de Néphrologie qui t’honore. C’est dans cette Société, que je t’ai rencontré. Merci de m’y avoir accueillie et de m’avoir si souvent conseillée et soutenue. Merci d’avoir suggéré que je prenne la parole dans cette Assemblée. Beaucoup de collègues auraient, sans doute, souhaité le faire et, à cette occasion, remercier aussi ton épouse, Janine, et tes sympathiques enfants avec lesquels nous avons partagé de nombreux moments d’amitié, toujours dans une atmosphère festive. En leur nom à tous, je te dis notre fierté et notre reconnaissance pour ton œuvre, en formant des vœux pour que tu la poursuives encore longtemps parmi nous.
Françoise MIGNON