par Gabriel Richet
L'anse de Henle : un tournant de la physiologie rénale
par François Morel
Homer William Smith 1895-1962 : A l'occasion du centenaire de sa naissance
par P.P. Lambert
De la généalogie des diabètes insipides
par Daniel G. Bichet
Fièvre méditerranéenne familiale : de la maladie périodique au bras court du chromosome 16
par Jean-Philippe Méry
par Bernard Winicki
Par Gabriel Richet
Gabriel RICHET
de l'Académie Nationale de Médecine
En 1950, l'anse de Henle était vue comme un "accident de l'organogénèse" quand Wirz montra son activité propre, réabsorption de chlore et de sodium avec imperméabilité à l'eau. La physiologie de la médullaire, circulation et contrôle hormonal des transferts, fut alors intégrée à celle du rein dans son ensemble, un sens étant donné à la diversité de ses structures et à ses rapports avec la capacité des différentes espèces à concentrer l'urine. Puis apparaissaient les diurétiques de l'anse, de puissance inégalée. La pathologie de la médullaire pouvait entrer en scène.
Homer W. Smith aurait cent ans en 1995. La néphrologie doit à ce biologiste non médecin la méthode d'analyse en physiologie rénale, chez l'homme et chez l'animal. Quels meilleurs exemples d'expérimentation et de raisonnement physiologique que ceux de H. W. Smith. On pourra ici suivre toutes les étapes de son parcours. L'ampleur de son oeuvre a bénéficié de sa capacité à donner une portée générale à son expérimentation grâce à une large culture de naturaliste. Le tout avec une simplicité extrême tant de la pensée que de l'expression. Il fut le Claude Bernard de la néphrologie.
La généalogie des diabètes insipides, est le fruit d'une convergence d'analyses cliniques débutant au siècle dernier puisque la thèse d'un interne de Paris soutenue en 1841 en est une des pierres d'angle, de travaux d'une dynastie médicale allemande et d'éléments de l'histoire de migrations d'Irlande en Amérique. Scellant le tout, un triomphe récent de la biologie moléculaire.
La fièvre méditerranéenne familiale (FMF), congénitale et héréditaire frappant des groupes méditerranéens, est entrée en néphrologie par l'amylose rénale qui en marquait souvent le terme. Vers 1970, en Israël, est signalé puis confirmé le rôle préventif de la colchicine sur l'amylose, bientôt avérée AA. Ce traitement encore incompris ralentit tout au plus le cours de l'amylose déjà constituée. Il semble que seule l'amylose de la FMF en bénéficie. Puis ce fut la tare génétique, un ou plusieurs gènes du bras court du chromosome 16 étant impliqués.
La découverte du furosémide a été une mutation brusque en thérapeutique diurétique. Fruit d'une recherche chimique systématique, doté d'une puissance inattendue, peu toxique, actif même sur le rein insuffisant, le furosémide est singulier par le siège de son action, la branche ascendante large de l'anse de Henle dont le rôle dans l'élaboration de l'urine était révélé au même moment, les travaux des cliniciens et ceux des pharmacologues s'étant poursuivis indépendamment. Trente cinq ans après sa naissance, le furosémide occupe toujours une place privilégiée, peut-être la première, parmi les diurétiques.