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Montpellier 2001
Montpellier, 3 octobre 2001

Rapport moral du Président - Assemblée générale

Communication du nouveau Président

 

Place de la Comédie

Rapport moral du Président

Pr Jacques Chanard

 

Chers Collègues,

 

L'heure de l'inventaire de deux années de travail en tant que Président de la Société de Néphrologie est arrivée. C'est le moment de faire le point sur la route suivie par notre Société. Je vais devoir faire un tri entre actions engagées et couronnées de succès, et celles qui sont restées en panne dans les dossiers. Il faudra mettre en exergue les actions qui confirment la vitalité de notre groupe, sans perdre de temps avec celles qui se sont évanouies avec l'écume des jours.

 

Tout d'abord, le travail dont je vais vous présenter le résumé n'aurait pu se faire sans le travail du Conseil d'Administration qui m'a largement et majoritairement soutenu pendant mon mandat. En exergue, je rappelle le dévouement de notre Secrétaire, Michel LABEEUW et de notre Trésorier, Francis SCHILLINGER. Je les remercie bien vivement. Je saisis la dernière opportunité qui me reste de parler du haut de cette tribune pour féliciter les nouveaux membres du Conseil d'Administration et leur souhaiter bienvenue. Vous avez bien noté que la représentation de nos collègues suisses est maintenant assumée par Pierre-Yves MARTIN, et que pour la première fois, une jeune collègue marocaine entre au Conseil d'Administration. Je salue Madame Amal BOURQUIA à double titre : au titre de marocaine et au titre de femme d'action, “ espèce ” encore rare et combien précieuse dans notre communauté néphrologique. Je salue aussi Georges Brillet qui a bien voulu contribuer à la représentation des nephrologues libéraux. Je voudrais aussi remercier tous ceux qui font confiance en la Société de Néphrologie, qui investissent dans la lecture attentive du journal Néphrologie tenu, jusque là, de main de maître par Eric RONDEAU et dont la responsabilité vient d’échoir à Christian COMBE. J’adresse mes félicitations au nouveau rédacteur en chef.

 

Je suis particulièrement fier d'avoir contribué à l'implication de notre Société dans le domaine de la santé publique, du moins en France. Vous connaissez notre retard culturel dans ce domaine. Il s'est trouvé que l'action menée par mes prédécesseurs, et tout particulièrement par Daniel CORDONNIER, véritable précurseur en la matière, a permis de conclure le projet REIN et d'obtenir la reconnaissance de ce projet par notre tutelle administrative. Je ne reviendrai pas sur le détail du projet ni son développement actuel dans la mesure où une séance vient de lui être consacrée. Je rappellerai que REIN devient maintenant une composante essentielle de notre vie communautaire et que le succès de cette entreprise n'aurait pu être sans l'implication de nos collègues Paul LANDAIS, Bénédicte STENGEL, Christian JACQUELINET et Guillaume BOBRIE, coordonnateur de la Commission d'Epidémiologie et le soutien de Didier HOUSSIN, Directeur de l'EFG.

 

Nous attendons les résultats de la phase expérimentale de faisabilité conduite dans quatre régions test. Dès à présent, il faut que chaque néphrologue se sente impliqué par ce projet, même si les modalités de la coopération des uns et des autres ne sont pas encore parfaitement formulées et si la composition des comités régionaux de REIN n'est pas encore formalisée. Il reste donc beaucoup de travail à faire, et en priorité à structurer la représentation néphrologique et épidémiologique au sein des régions. Je voudrais que les uns et les autres regardions ce projet avec le maximum de sérénité : c'est un supplément de science que nous apportons à la collectivité. REIN ne peut être considéré comme un obstacle existentiel par tel ou tel sous-groupe de néphrologues. Bien au contraire, les informations épidémiologiques qui seront ainsi obtenues permettront de mieux définir, mieux cerner la complexité pathologique des malades que nous prenons en charge et définitivement mieux nous défendre face à la tutelle administrative et financière. Je voudrais préciser que l'information recueillie par REIN ne pourra être exploitée par tel ou tel acteur de santé sans l'avis du Conseil Scientifique national et que chaque partenaire devra s'engager à respecter la charte des utilisateurs de REIN et les termes du contrat d'objectifs et de moyens qui auront été concédés. Cet engagement est maintenant irréversible. Toutes les étapes de sa construction seront régulièrement publiées dans une “ lettre ” dont le premier numéro vous a été remis.

 

Cette lettre sera aussi éditée sur le site Internet de la Société de Néphrologie toujours tenu de main de maître par Quentin Meulders.

 

L'implication de la Société de Néphrologie dans le domaine de la santé publique concerne aussi son rôle de conseil à la Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins du Ministère, pour le projet Insuffisance Rénale qui vient d'être lancé par le Ministre Délégué à la Santé. Certains d’entre vous ont assisté au colloque de présentation de ce projet par le ministre délégué à la santé Bernard KOUCHNER L’élaboration de ce rapport à été confiée à Jean-Pierre BLERIOT dont nous connaissons la rigueur intellectuelle et le dévouement à plaider la cause de la Néphrologie. Comme vous le savez, malgré de nombreuses réticences administratives, la carte sanitaire réglementant les installations de dialyse vient de voler en éclat avec la suppression des indices de besoin jusque là retenus. Ces indices ont montré leur inadéquation à résoudre les problèmes actuels liés à la saturation des centres. Il s'agit là, en perspective, d'une profonde modification de l'organisation des soins qui, je l'espère, permettra de mieux répondre aux requêtes fondamentales des insuffisants rénaux et des néphrologues: le libre choix des techniques de dialyse et le libre accès à l'inscription sur la liste d'attente de transplantation, pour autant que l'état clinique le permette ; la diminution des durées de transport entre le domicile et les lieux de traitement ; l'aménagement des horaires de dialyse adaptés à une réinsertion socio-professionnelle et familiale adéquate. Le Ministre nous a aussi indiqué que chaque Schéma Régional d'Organisation Sanitaire (SROS) comprendrait une commission "Insuffisance Rénale" et que celle-ci contribuerait, avec la Commission REIN, à gérer l'organisation de la néphrologie à l'échelon régional sous la responsabilité des directeurs des Agences Régionales de l’Hospitalisation. Je pense que ce programme est réellement révolutionnaire et qu'il faudra encore beaucoup de travail pour le traduire en termes pratiques. Il faudra nous battre pour en obtenir le financement. Je suis très heureux, en tant que Président de la Société de Néphrologie et avec l'aide du Président Régis VOLLE de la FNAIR, d'avoir contribué à ce changement que nous attendions depuis plus de vingt ans.

 

A l'autre extrémité de l'insuffisance rénale, c’est à dire au niveau de son émergence, l'absence de politique de prévention est enfin considérée comme un déficit dans notre système de santé. Continuons à œuvrer pour que les recommandations de la Société de Néphrologie soient la meilleure caution au développement d'une telle politique et de ses applications concrètes.

 

Nous avons aussi tenu notre rôle d'expertise auprès de l'ANAES. Nos doléances ont été écoutées à deux niveaux : au niveau fondamental des finances publiques, le ministère a bien voulu subventionner l'ANAES pour la rédaction de recommandations de bonnes pratiques néphrologiques, et l'ANAES elle-même pour retenir, parmi une multitude de projet en concurrence, les deux thèmes proposés par la Société de Néphrologie :

Le premier thème s'organise sous la houlette de Claire POUTEIL-NOBLE. Le second est en cours de structuration et sera porté à la connaissance de notre collectivité avant la fin de l'année.

 

A côté de ses implications en santé publique, la Société de Néphrologie a poursuivi ses réflexions dans le domaine de la recherche fondamentale. Si la Société de Néphrologie ne peut être le promoteur financier d'un projet de recherche multicentrique, elle peut en être le garant méthodologique et offrir son expertise et ses moyens de communication pour toucher l'ensemble de notre communauté. La Commission de Recherche, coordonnée par Jérôme ROSSERT, a établi le protocole d'évaluation d'un projet qui sollicite le label de notre société. Cette démarche innovante est maintenant validée par le succès d'une première entreprise ainsi conduite. C'est le thème construit par Eric THERVET sur la néphropathie du purpura rhumatoïde, thème retenu par la Fondation de France. Cet événement était suffisamment important pour qu'il soit porté à la connaissance de tous, et qu'il puisse servir de modèle à d'autres démarches similaires. Je donnerai à la fin de mon exposé la parole à Eric THERVET pour vous présenter très brièvement ce projet.

 

Qui dit Recherche dit finances. Comme vous le savez, la liste des généreux donateurs de la Société de Néphrologie reste limitée. Parmi ceux-ci, nous avons le plaisir de voir entrer dans la cour des grands le laboratoire AMGEN qui offre une allocation de recherche annuelle de 100 000 francs, dont l'heureux bénéficiaire vous sera présenté dans quelques minutes. Je tiens à remercier le laboratoire AMGEN, mais aussi tous les laboratoires qui nous aident depuis longtemps, et nous conservent d'année en année leur fidélité. Francis SCHILLINGER, lors de la présentation du bilan financier, rappellera leur contribution indispensable à ne pas demeurer une coquille vide. Parmi nos bienfaiteurs, je voudrais cette année encore souligner l'effort extraordinaire fait par l'Association des Insuffisants Rénaux atteints de maladies Génétiques, l’AIRG, qui regroupe malades, familles, sympathisants et intéressés par les maladies rénales génétiques. Ils nous offrent une bourse. Un grand merci pour cette action généreuse.

 

Encore quelques mots sur l'activité des autres commissions de notre société. Tous mes remerciements s'adressent au travail et à l'amitié qui nous ont réunis. Certaines commissions ont pu conduire rapidement leur projet, d'autres, sans publicité particulière, ont produit un travail non encore terminé. L'important est que cette masse de réflexion et de recommandations serve à défendre et à crédibiliser la position de la Société de Néphrologie face à la tutelle administrative et au développement de grands projets. Parmi ceux-ci se construit le grand projet pédagogique d'apporter une culture néphrologique aux omnipraticiens.

 

Enfin, une dernière action, totalement symbolique : la concrétisation de la médaille Jean Hamburger que vous voyez sur la projection. Cette médaille réalisée à l'Hôtel de la Monnaie de Paris sera attribuée aux personnalités qui honorent notre Société. Le Conseil d'Administration a choisi d'honorer l'un de ses anciens Présidents, le Professeur Jean-Paul FILLASTRE pour les travaux de rénovation de notre société qu’il entreprit avec succès, l'enthousiasme de sa gestion et l’amitié dont il est si généreux. Il ne peut être parmi nous aujourd'hui pour recevoir la médaille Jean Hamburger. Celle-ci lui sera remise lors du congrès de Tunis des mains de Françoise MIGNON.

 

Ma chère Françoise, j'espère que le modeste bilan d'activité que je te laisse en héritage te permettra de mener à bien les réformes structurelles de la Société de Néphrologie dont nous parlons depuis longtemps. Je crois être un bon augure et te prédis que la modification de nos statuts, sur lesquels se penche le Conseil d'Administration actuellement, sera approuvée à l'unanimité et bientôt proposée en Assemblée Générale Extraordinaire. Je te confie avec sérénité le flambeau de notre société, sachant que tu sauras le porter bien haut pour la plus grande gloire de la Néphrologie.

 

Jacques CHANARD

 

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