Rapport moral du Président - Assemblée générale
Remise médailles Jean Hamburger - B Ayed - JP Fillastre - Photos
Mon Cher Jean-Paul,
Ton absence à Montpellier l’an dernier a privé Jacques CHANARD de la joie de te remettre la 1re médaille de la Société de Néphrologie. Je l’associe donc très étroitement à cette manifestation de reconnaissance à ton égard.
Je sais qu’en acceptant cette médaille, tu affiches ton attachement très particulier à notre Société puisque, jusqu’à ce soir, tu avais toujours refusé toutes décorations. Et pourtant, les plus prestigieuses te furent proposées.
Voilà 40 ans, mon Cher Jean-Paul, que nous admirons ton épopée dans la Néphrologie.
En 1961, tu es Gastro-Entérologue confirmé. Tu arrives des États-Unis : tu t’appliquais déjà à toi-même la règle de la mobilité internationale que tu as toujours en-couragée ensuite.
Acquérir quelques connaissances dans le domaine des troubles hydro-électrolytiques te paraissant utile pour ta future carrière, tu débarques à Tenon. Monsieur RICHET est à l’époque le seul médecin plein-temps de l’Hôpital. La dialyse et la transplantation sont inconnues sur les hauteurs de Ménilmontant. Mais le patron et ses assistants, Claude AMIEL et Raymond ARDAILLOU, auraient souhaité pouvoir travailler 35 heures par jour… ! Et pourtant ces maîtres sont épanouis, passionnés. Pour toi, c’est le choc. En quelques mois, tu deviens Néphrologue ! Bel exemple concret d’une réorientation tardive ! Nos politiques devraient s’en inspirer, eux qui s’enferment dans des filières rigides et des indices de besoin qui créent une partie de nos difficultés actuelles en matière de démographie médicale.
Fin des années 60 : 2e coup de tonnerre ! Tu renonces au poste de Professeur que Monsieur RICHET te destine à Tenon pour partir à Rouen. Rétrospectivement, comment s’en étonner ! Tu es un bâtisseur. Il faut créer la Néphrologie normande ! Tu réponds présent. Tu vas parfaitement réussir.
Rejoint quelques années plus tard par ton élève et ami très cher, Michel GODIN, vous n’allez rien négliger : dialyse et transplantation bien sûr, mais aussi Néphrologie générale et hypertension artérielle, sans pour autant oublier la Recherche Clinique et Fondamentale. Dans ce dernier domaine, tu choisis une thématique très originale à l’époque : la néphrotoxicité médicamenteuse, d’abord celle des antibiotiques, puis celle des anti-cancéreux. Tes travaux sont fructueux : plus de 800 publications dans les très grandes revues.
Ta réputation, nationale et internationale, grandit vite. Tu vas être sollicité pour exercer de multiples responsabilités dites transversales, à Rouen, mais aussi à Paris :
Mais une autre passion t’anime : l’Enseignement. Et là, c’est le 3e coup de tonnerre. Tu découvres SHERBROOKE et tu t’engages à fond, comme un pionnier, dans la réforme pédagogique mise en place dans ta Faculté. Les APP n’ont plus de secret pour toi !
Cette passion de l’Enseignement, elle te vaut de nombreux élèves. Ils sont partout, mais particulièrement en Tunisie, et c’est sans doute en partie pourquoi tu as accepté de venir ici ce soir.
Les liens, l’amitié, que tu as très tôt tissés à Necker avec le Professeur Hassouna BEN AYED et son ami Hédi BEN MAÏZ, ont abouti au jumelage entre les Hôpitaux Universitaires Charles Nicolle de Tunis et de Rouen.
Depuis 30 ans, il y a toujours eu au moins unjeune Tunisien en formation à Rouen ou un Rouennais à Tunis. Ils sont nombreux dans cette salle, j’en suis sûre, à être venus ce soir te témoigner leur reconnaissance. Ils connaissent, comme nous, toutes tes qualités qui t’ont permis cette réussite exceptionnelle.
Parmi celles-ci je retiendrai, comme aime à le souligner Michel, ta générosité et ton efficacité hors du commun. En effet, ne vous y trompez pas ! Jean-Paul FILLASTRE, bien avant nous tous, n’a jamais travaillé plus de 35 heures par semaine, sachant se réserver ses 35 heures de golf hebdomadaire !
Ce soir, Mon Cher Jean-Paul, c’est la Société de Néphrologie qui t’honore pour tout ton parcours et pour tout ce que tu es. Celle que tu appelais “ la Vieille Dame ”, tu l’as bousculée en mai 1986, quand tu en as pris la présidence : nouveaux statuts, Conseil d’Administration remanié, élections libres, création des Commissions, organisation des réunions annuelles pour remplacer les séances trimestrielles de Communications libres, création des Allocations de Recherche pour les jeunes, grâce à des sponsors qui t’ont tous répondu présents.
C’est dans cette Société que je t’ai retrouvé. Merci de m’avoir appelée à tes côtés pour être ta Secrétaire Générale. Tu m’as beaucoup appris. Mais surtout dans cette fonction, j’ai retrouvé “ le grand frère ” que tu avais été pour moi, à Tenon, et que tu n’as jamais cessé d’être. J’admire ton parcours, ta générosité et l’importance que tu attaches à la qualité des rapports humains.
Aussi ce soir, Mon Cher Jean-Paul, je te dis seulement, au nom de tous : Bravo et Merci.
Françoise MIGNON