Assemblée générale - Rapport moral du Président
Communication du nouveau Président - Photos
A l'issue de la présidence de deux années qu'elle a assurée, F. Mignon souligne que le champ d'activité et de responsabilités des Sociétés Médicales s'est largement diversifié ces dernières années. Elle invite à ne pas perdre de vue les objectifs primordiaux d'une Société savante Médicale : soutien à la recherche scientifique et diffusion des connaissances. Elle rappelle ensuite les trois objectifs innovants qui ont été au coeur de son activité entre 2001 et 2003 :
La vie des Sociétés est marquée d'étapes dont celle du passage du relais entre les Présidents. Connaissant depuis longtemps les talents d'Yves Pirson, ayant au cours de ce mandat bénéficié de son aide, toujours efficace, je suis heureuse de lui transmettre ce soir le témoin. Nul doute que cette présidence non française enrichira notre Société et confirmera, s'il en était besoin, le bien fondé de cette tradition.
Lui donner immédiatement la parole serait raisonnable car il est l'avenir. Ce serait me priver du devoir, et aussi du plaisir, de prendre encore quelques minutes pour remercier tous ceux et celles qui, avec enthousiasme, et sans jamais respecter les 35 heures..., assurent la vie de notre Société. Le temps me manquera pour citer chacun. En effet, vous êtes nombreux à vous manifester. Vos critiques et suggestions sont précieuses, même si vos positions, souvent très différentes, nous conduisent à devoir parfois choisir des solutions de compromis.
Depuis quelques années, les missions des sociétés savantes médicales se sont considérablement diversifiées. Ces activités nouvelles ne doivent pas les éloigner de leur objectif initial qui reste prioritaire. Cet objectif est inscrit en 1 ère ligne de nos statuts : « promouvoir la recherche et l'enseignement en Néphrologie francophone par la réunion régulière de nos membres ». Le congrès d'aujourd'hui prouve brillamment que cet objectif n'est pas oublié.
Merci à Jérôme Rossert et aux membres de la Commission Scientifique d'avoir su faire une large place à l'expression des chercheurs. Nous devons les soutenir, surtout les jeunes. Merci à vous tous pour votre présence nombreuse à la session qui vient de nous réunir autour de nos généreux sponsors. C'est la preuve de l'intérêt que vous portez à la recherche en Néphrologie.
Merci aussi à Michel Godin et aux membres de la Commission de Pédagogie, de répondre à nos demandes de formation continue. Ils nous attendent demain pour un atelier interactif. Les cas cliniques sont déjà soumis à notre sagacité, via notre site. C'est aussi grâce à leur travail que la francophonie fut présente à Berlin dans le cadre des sessions pédagogiques proposées par Eberhard Ritz. A ce propos, merci à tous ceux qui ont participé au congrès de l'ERA-EDTA. Il faut poursuivre dans cette voie. Notre absence lors des manifestations européennes serait une erreur grave pour l'avenir.
Quelques mots maintenant sur nos nouveaux objectifs. Ils se sont progressivement imposés et sont inscrits, depuis 2 ans, dans nos statuts. Je veux parler de nos missions dans le domaine de la Santé Publique. Notre Société n'y est pas décisionnelle, mais elle est invitée, ainsi que beaucoup d'autres partenaires, à formuler des avis susceptibles d'influer les décisions « politiques ». Celles-ci ne seront adéquates que si les remarques des professionnels sont largement prises en compte. Pour crédibiliser notre position face aux pouvoirs publics, notre société doit s'appuyer sur des données opposables. Elle peut s'enorgueillir d'avoir pris les moyens d'en disposer.
Le plus bel exemple est celui du Registre REIN. Nous le devons à deux de mes prédécesseurs, Daniel Cordonnier et Jacques Chanard, pionniers dans ce domaine, ainsi qu'à Guillaume Bobrie qui, avec la Commission d'Epidémiologie, a pris une part active à l'élaboration du projet. L'équipe regroupée autour de Christian Jacquelinet vous fera part demain des résultats intéressants obtenus dans les 4 régions pilotes.
Le récent questionnaire de la CNAM était calqué, vous le savez, sur celui de REIN. La grande majorité d'entre vous a fait l'effort de le renseigner dans les délais, malgré toutes les difficultés propres à l'été en général, et plus particulièrement à l'été 2003... Cet effort va de toute évidence dynamiser le projet REIN. Un registre national exhaustif, c'est un outil indispensable à nos discussions administratives et financières avec les Tutelles. Nul doute également que l'exploitation des données médicales, soumise à une charte très précise, contribuera à l'amélioration de la qualité des soins.
Mais cette exigence de qualité ne sera réalité que si nous parvenons à résoudre le problème de la relève des néphrologues seniors qui est numériquement insuffisante. Là encore pour nous faire entendre, il fallait disposer de données précises quant notre démographie. L'état des lieux est terminé. Merci à Hubert Nivet, à Claude Maingourd et aux coordinateurs régionaux d'avoir traité les documents que vous avez fournis. Leur travail nous vaut un annuaire, en cours de diffusion. Vous y trouverez des informations utiles à l'élaboration des nouveaux SROS, chaque région ayant ses spécificités.
Les résultats de notre enquête ont également été transmis aux services du Ministère des Universités et du Ministère de la Santé qui se trouvent placés devant les angoissants problèmes posés, en France, par la Démographie Médicale dans son ensemble. Yvon Berland les a analysés en détail dans son rapport publié en 2002. Puissent nos données aider Bernard Charpentier, Yvon Berland et Patrice Deteix qui ont en charge la Conférence des Doyens de Médecine. Ils leur faut relayer notre message pour obtenir que notre spécialité soit placée parmi celles qui seront les moins frappées par les mesures envisagées pour diminuer le nombre des spécialistes.
Il faut aussi qu'ils nous aident à obtenir une définition précise des modalités d'une reconnaissance des compétences, acquises par la pratique professionnelle et la formation continue. C'est une voie de recrutement à ne pas négliger. C'est par ce moyen que nous parviendrons à régler la situation de nos collègues toujours considérés comme généralistes, alors qu'ils remplissent depuis longtemps les fonctions de Néphrologues.
Mais il faut également que nos données nous amènent à réfléchir car nous ne pouvons pas toujours demander... A la suite des propositions formulées dans le Rapport d'Yvon Berland, une réflexion s'est déjà engagée sur la redéfinition des tâches qui reviennent aux Néphrologues et sur celles qu'ils pourraient déléguer. Beaucoup d'entre vous sont hostiles ou, au moins, réservés face à cette démarche. Je ne pense pas qu'ils aient raison : comment ne pas accepter de conduire l'inévitable évolution de notre profession. Il serait grave que les métiers de la Santé restent figés face à une Société en constante mutation. Notre spécialité a mille atouts pour rester attractive. A nous de nous adapter et d'imaginer des modalités d'exercice qui répondent mieux aux attentes des jeunes. Enfin, vous le savez, une réforme ne peut réussir que si les acteurs participent à sa conception. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons plus nous dérober, et au contraire nous devons être actifs dans la recherche des meilleures solutions.
Toutes ces actions entreprises dans le domaine de la Santé Publique, pour servir les causes de la Néphrologie, ont eu, me semble-t-il, le mérite de contribuer à transformer la vie de notre communauté. Grâce à elles, les diverses instances impliquées dans les soins, l'enseignement, la recherche se sont incontestablement rapprochées. Nos forces vives très complémentaires ont appris à se mieux connaître. Merci à Bernard Canaud et aux membres du Conseil d'Administration de la Société Francophone de Dialyse pour leur accueil et les travaux constructifs faits en commun. Nous sommes parvenus, je crois, à formuler des réponses identiques dans les domaines où nous étions souvent séparément consultés. Cette gratitude s'adresse également aux Présidents des Syndicats de Néphrologues, Michèle Kessler, Bernadette Fallier, Jacques Chanliau et Jean-Paul Ortiz. Ils sont placés devant des impératifs, parfois contradictoires. Chacun a su faire les efforts nécessaires pour élaborer des solutions acceptables par tous. Merci aussi à Claude Leroux-Robert et Bruno Moulin qui représentent les universitaires. Les actions actuelles du CUEN s'inscrivent parfaitement dans cet effort de mise en commun de nos richesses qui, toutes, vont nous aider dans la traversée des quelques années difficiles qui s'annoncent.
Cette « fédération » de nos forces n'est pas notre seul acquis récent. Depuis quelques années, nous prenons conscience de la nécessité d'un exercice multidisciplinaire de la Néphrologie. Plusieurs initiatives le prouvent et nous en donnent les moyens.
En tout premier lieu, la Fondation du REIN. Merci à Philippe Jaeger de l'avoir réalisée. Les sociétés savantes s'y retrouvent au côté des soignants non médecins et des associations de patients, alors que jusqu'ici nos rapports étaient courtois mais nos routes souvent parallèles. La société civile qui va prochainement découvrir cette Fondation nous apportera des moyens financiers supplémentaires et nous aidera, sans nul doute, dans nos actions de prévention et d'information.
Les Journées nationales de l'Insuffisance rénale chronique ont aussi contribué à faire connaître la Néphrologie. Merci à Brigitte Lantz qui en assure toute l'organisation et qui, malgré les nouvelles missions qui lui sont confiées, reste très active pour toutes les causes de la Néphrologie.
Bien d'autres sujets ne seront pas abordés dans ce Rapport moral. Yves Pirson vous parlera de ceux auxquels il s'est particulièrement consacré pendant sa vice-présidence. Mais laissez-moi encore prendre le temps de remercier Christian Combe qui pilote Néphrologie, Quentin Meulders, responsable de notre site envié par bon nombre de sociétés savantes, Jean-Michel SUC qui a animé le Groupe Ethique et va assurer la transition avec la jeune Commission qui vient d'être élue, Maryvonne Hourmant qui a oeuvré pour que soient accueillis, dans la Commission de Transplantation, des représentants de tous les collèges, Josette Pengloan et les membres de la Commission Dialyse à laquelle nous devons de nouvelles recommandations de bonne pratique, tous ceux et celles qui font entendre la voie des professionnels de terrain auprès de l'ANAES et contribuent à la diffusion de nos messages vers les médecins non néphrologues et enfin François Provôt et les jeunes néphrologues qu'Yves a su nous amener.
Merci enfin à tous les membres du Conseil d'Administration pour leur participation constructive à nos travaux. Un merci particulier aux membres du Bureau : à Michel Labeeuw, tout d'abord, qui a assuré pendant 7 ans notre secrétariat général et qui l'a doté d'un outil informatique performant et à Dominique Chauveau et à Philippe Vanhille qui ont pris la relève et dont les talents sont connus de tous. Un merci spécial à Francis Schillinger qui, il y a 2 ans, avait accepté de prolonger son mandat malgré toutes les charges qu'il assume. La solidité et la franchise de ses avis me furent très utiles. Pour vous, aussi, Francis fut précieux car il a su trouver l'équilibre entre prudence et dynamisme dans la gestion de notre « trésor de guerre. » Comme vous avez pu le constater, nos finances sont saines. Merci aussi à Georges Brillet qui l'a secondé et est prêt pour lui succéder et à Isabelle Landru qui va rejoindre le Bureau en tant que Trésorier-adjoint, sans oublier notre secrétaire Madame Falala, fidèle depuis de si nombreuses années.
Bon vent enfin à notre nouveau Vice-Président, Michel Godin, dont vous connaissez les qualités. Je le sais heureux de les mettre, dès ce soir, au service de la Société de Néphrologie.
Enfin comment remercier Yves Pirson pour tout ce que nous lui devons déjà. Sa disponibilité jamais mesurée, la clarté des ses synthèses, ses avis sûrs, toujours nuancés et donnés avec délicatesse, m'ont considérablement aidés. Vous connaissez ses compétences professionnelles Elles n'ont d'égales que ses très grandes qualités humaines. Que dire de plus sinon que j'ai eu, parmi beaucoup d'autres chances dans la vie, celle de l'avoir comme Vice-Président.
Mon cher Yves, vous voilà maintenant aux commandes. Je m'en réjouis pour notre Société. Vous allez parfaitement réussir. Je m'en réjouis aussi pour vous. Vous aurez des difficultés, elles sont inévitables. Elles seront vite oubliées, croyez-moi, face aux satisfactions trouvées dans les actions qui n'ont qu'un but : servir notre collectivité. Les défis à relever sont nombreux, mais le potentiel de notre communauté est riche. Vous allez la guider vers le succès. C'est faire confiance à la vie que se mesurer avec le difficile.
Encore merci et bon vent.