octobre 1997 - octobre 1998 - octobre 1999
Paris, 1er octobre 1998
Mesdames, Messieurs,
J'ai choisi de vous présenter en quelques minutes l'état de cristallisation du programme que j'ai souhaité développer avec l'aide de notre Conseil d'Administration au cours des années de mandat que vous m'avez confiées, notamment l'état des lieux du "programme européen" ou dit plus simplement du "programme intégratif francophone" que je vous ai proposé, il y a un an à Toulouse. J'en retiendrai trois thèmes : l'Enseignement "Européen", la Recherche scientifique multicentrique et la Recherche de "Ressources multinationales".
L'ENSEIGNEMENT EUROPEEN :
Celui-ci a commencé ce printemps avec le déplacement d'une partie de notre Conseil d'Administration (mais non exclusivement) à Cluj, en Roumanie sous la houlette du Professeur J.P. GRUNFELD et la coordination du Professeur A. FOURNIER. A cet endroit, durant deux jours, nous nous sommes livrés de 8 h à 20 h à un enseignement intensif de la Néphrologie à des Néphrologues dont la volonté d'apprendre dans des conditions de grande adversité matérielle nous a impressionnés.
Vous devez comprendre que je viens d'un pays où les médecins-assistants sont en mesure de tancer leurs médecins-chefs pour non-respect des conventions de travail limitant à 55 heures leur engagement hebdomadaire autorisé, si bien que le contraste des motivations, à mon sens, était frappant. Il va sans dire dès lors que cet exercice dont nous ne pouvons certes jamais tester vraiment l'impact, a constitué un élément de rayonnement de notre Société. Notre enseignement extra-muros ira cependant encore plus loin au cours des prochaines semaines avec la réunion franco-israélienne de Néphrologie qui se tiendra à Tibériade en novembre prochain et à laquelle ont beaucoup travaillé notre ancien Président le Professeur Ch. VAN YPERSELE ainsi que le Docteur G. LONDON.
Notre enseignement "européen", cependant, ne devrait pas se confiner à des projets lointains. Il faut savoir regarder au-delà de son propre jardin, je veux dire la Belgique et la Suisse, savoir regarder au-delà de sa propre roseraie, je veux dire, la Société francophone de Dialyse, et vous aurez beaucoup de plaisir à entendre que sa séance d'hier, votre Conseil d'Administration a pris note du programme définitif de notre réunion commune qui aura lieu à Lausanne les 6,7 et 8 octobre 1999 sous la présidence du Professeur J.P. WAUTERS, concrétisation d'amitiés personnelles entre la France, la Belgique et la Suisse. Déjà ceci a fait école puisque la formule commune sera reconduite à Tours en l'an 2000 du 21 au 23 juin sous la présidence du Professeur H. NIVET. Je vois en ces manifestations la preuve tangible du souhait de mieux exploiter les rares valences libres de nos collègues dans le but de développer des synergies.
Au-delà des projets de formation continue, à mon sens, notre Société doit s'intéresser à la formation post graduée. C'est certes beaucoup plus difficile, mais d'une importance capitale. Les sociétés européennes de disciplines médicales voisines (et je fais allusion ici à la Fédération Européenne de Médecine Interne) l'ont tout à fait bien compris. Ainsi, je ressors d'une semaine de formation post graduée destinée aux 50 meilleurs assistants de médecine interne européens sélectionnés par leurs Sociétés Nationales respectives (il y avait 4 français) où, sous forme d'une école itinérante, les meilleures enseignants des domaines considérés ont suscité un enthousiasme considérable auprès des participants. La Société de Néphrologie pourrait faire la même chose, une sorte de Board Review Course de Néphrologie à l'Américaine où l'immense potentiel de notre Société en terme d'enseignants pourrait être encore mieux mis à contribution. En passant, j'aimerais attirer votre attention sur le potentiel politique de cette action, car si un jour votre pays décide comme nos voisins de sanctionner les formations spécialisées par un examen, vous devriez montrer à vos instances politiques que vous avez structuré la préparation de vos candidats à cet examen, un examen que, le cas échéant, devrait alors mettre sur pied. Le Professeur P. DETEIX en tant que Président du Collège Universitaire des Enseignants de Néphrologie et Madame le Professeur F. MIGNON en tant que Présidente de notre Commission pour la Formation Continue ont approuvé notre message à cet égard et ont pris note de la mission y relative.
LA RECHERCHE MULTICENTRIQUE :
Le Conseil d'Administration a confié à sa Commission Scientifique le mandat de se pencher sur plusieurs projets multicentriques. L'un aura trait au Diabète de type I, l'autre au Syndrome néphrotique de l'enfant et le troisième (je vous avais promis une impulsion dans mon domaine d'élection) aux aspects génétiques qui président aux désordres sous-jacents à la néphrolithiase idiopathique dite nutritionnelle. Dans cette dernière, c'est au Professeur P. COCHAT, le Président de la Commission Scientifique de la S.N. que reviendrait la tâche de réunir les centres de néphrologie pédiatrique français, belges et suisses intéressés à profiter de la solide infrastructure londonienne que j'ai mise à sa disposition et qui gravite autour du Docteur W. ROBERTSON maintenant que celui-ci est revenu dans son pays.
LA RECHERCHE DES "RESSOURCES" MULTINATIONALES :
Il y a d'abord les ressources humaines : ainsi, votre Conseil s'est fait un point d'honneur de recruter de nouveaux membres par des campagnes actives, tant en France qu'à l'étranger, et ceci avec un succès certain. Notre Vice-président le Professeur J. CHANARD s'est même rendu personnellement à la réunion annuelle de la Société Catalane de Néphrologie dont nombreux membres ont émis le désir d'adhérer à la Société.
Il y a ensuite la mise en réseau de ces ressources humaines. Vous avez peut-être déjà appris que la Société de Néphrologie a confié à la Médiathèque de Lyon (Professeur M. LAVILLE) le mandat de création de son site Internet. Un travail incroyable a déjà été accompli autour du Docteur Q. MEULDERS qui a su convaincre notre Conseil d'Administration qu'il était impératif de poursuivre cette entreprise. Il est immense, l'impact pédagogique, scientifique et même humain de l'outil informatique et vous pourrez vous en convaincre vous-même votre ordinateur en appelant le http://nephro.univ-lyon1.fr/sn . Nous souhaitons en faire usage et même un bon usage. C'est la raison pour laquelle nous devons recourir aux services d'une commission informatique ; nous devons mettre celle-ci en réseau avec notre nouveau groupe éthique présidé par le Professeur J.M. SUC (ce sera le contrôle du bon usage de l'Internet par la Société de Néphrologie) ; et nous avons décidé d'intégrer dans ce réseau un projet qui me tient à coeur, appelez-le "d'aide humanitaire" ou appelez-le de "coopération" dont nous avons confié la formulation au Docteur M. FORET : pensez à l'intérêt que représenterait une sorte de veille Néphrologie-Dialyse-Transplantation par tour de garde de six mois, pensez à l'intérêt que représenterait une centralisation de l'information sur le matériel livrable en aide humanitaire et son contrôle d'application, et pourquoi ne pas créer une ou plusieurs bourses permettant aux francophones étrangers d'accéder à Internet. Les vocations suscitées devraient m'être signalées à chaque instant et nous nous exprimerons sur ce point en plus de détails dans le Bulletin.
Il y a enfin les ressources matérielles. L'argent est le nerf de la guerre, et cet argent doit être collecté, car les projets ambitieux auxquels j'ai fait allusion tout à l'heure dépassent de loin le potentiel de Trésorerie d'une Société savante. Il nous faut une Fondation pour les Maladies Rénales, si vous voulez une "NKF" Francophone. Votre Conseil d'Administration en a décidé le principe lors de 2 Conseils successifs. Il a même désigné un groupe de travail qui doit aborder les multiples facettes de ce projet, facettes dont la subtilité dépasse de loin les aspects financiers, fiscaux et juridiques qui ont déjà abondamment été débattus en Conseil d'Administration a mis sur pied et déjà partiellement réalisé au cours de la première moitié du mandat que vous nous avez confié.
Ces résultats, cependant, ne doivent pas mettre dans l'ombre le travail des Commissions permanentes de notre Société que je n'ai rapporté jusqu'ici qu'à propos de la Commission de Formation Continue et de la Commission de Dialyse qui, sous la férule du Docteur J.L. POIGNET a fait preuve d'une incroyable productivité dont vous avez pris connaissance par le Journal Néphrologie sous forme de 6 premières recommandations de bonne pratique clinique (tableau 1) qui donnent à notre Société une position de leader en la matière. Mais il y a aussi la Commission de Transplantation qui, sous la présidence de Madame le Professeur M. KESSLER a répondu à notre attente en plaçant la Société de Néphrologie sur la scène politique où va se jouer la révision des lois de bioéthique. Enfin, il y a la Commission d'Epidémiologie qui a concentré ses efforts sur le projet de système d'information nationale sur l'insuffisance rénale terminale et qui fera l'objet d'un rapport séparé du Professeur J. CHANARD et de Madame le Docteur B. STENGEL.
Ceci termine le rapport présidentiel à mi-parcours de notre mandat. Nous ne doutons pas qu'avec l'esprit d'entreprise cohésif qui règne au sein de notre Conseil d'Administration nous puissions vous présenter dans un an à Lausanne la concrétisation de plusieurs des projets ainsi ébauchés.
Professeur Ph. JAEGER