octobre 1999 - juin 2000 - octobre 2001
Lausanne, 7 octobre 1999
Le 7 octobre 1999, l'Assemblée Générale de notre Société m'a renouvelé son soutien en me confiant la charge de Président. J'en suis très honoré et vous en remercie. L'on peut penser que, succédant à Philippe JAEGER, ma tâche sera simple tant les actions qu'il développa furent initiées avec pertinence, conduites avec cohérence et illustraient la qualité d'une recherche consensuelle exemplaire, expression vraisemblable de sa culture franco-helvétique. Quelle démonstration plus éclatante de cette démarche rationnelle et généreuse que le succès du congrès de Lausanne qui a vu enfin la mise en commun de l'expérience des sociétés savantes francophones dévouées à la néphrologie.
Nous ne sommes pas assez nombreux pour pérenniser des sociétés aux ambitions similaires mais traçant chacune leur route parfois divergente. Il fallait que cesse cette dispersion et que se rassemblent les forces vives, complémentaires et pragmatiques de la communauté néphrologique. C'est ainsi que la Société de Néphrologie a soumis à votre approbation l'ouverture d'un siège permanent au Conseil d'Administration, destiné au Président de la Société Francophone de Dialyse. Mon voeux le plus cher est que cette association de bonnes volontés puissent créer dans les années à venir une dynamique irrépressible, pour le profit de tous.
Philippe JAEGER a aussi relancé le vieux projet de Fondation pour la Lutte contre les Maladies Rénales. Tel un magicien, il est en train de résoudre l'embroglio juridique que représente la création d'une fondation internationale. La création d'une Fondation de Néphrologie viendra, je l'espère, combler le maillon manquant aux liens qui associent soignants, malades et société civile. L'un des rôles essentiels de la Société de Néphrologie au sein de cette Fondation sera celui du Conseil Scientifique, moteur et justification de la Recherche au sein d'une francophonie où tout urémique peut recevoir, même gratuitement, les soins les plus appropriés. Cette fondation confortera les projets de l'ensemble des sociétés savantes et nous rendra encore plus solidaires les uns des autres.
Durant ma Présidence nous changerons de millésime. Cette étape est éminemment symbolique, dans la mesure où elle rappelle avec force l'obligation d'un devoir de mémoire et celle d'un projet innovant. La Société de Néphrologie est une "Société Savante" mais ne peut accepter d'être taxée d'académisme frileux ou d'élitisme suranné. Son champ de recherche s'implique plus que jamais dans l'activité praticienne. En d'autres termes, la Société de Néphrologie doit tout à la fois favoriser l'émergence d'une médecine par les preuves et celle d'une médecine tout aussi scientifique, bien que différente, reposant sur une base consensuelle là où l'empirisme reste dominant. Ce dernier rôle fera l'objet de toute mon attention. J'espère qu'il sera soutenu par tous et qu'il conduira à la publication de règles de référence-qualité et de bonnes pratiques cliniques acceptées unanimement et opposables. Je redoute plus que tout les avis de ceux qui veulent diriger les actions médicales sans en avoir la compétence, ni l'expérience.
Deux démarches seront privilégiées : la mise en place d'un réseau d'information relatif aux maladies rénales et la construction d'un référenciel concernant la pratique de la néphrologie, conforme aux méthodes les plus précises et labélisable par l'ANAES.
Le projet REIN vous est familier. Son développement et ses applications progressent avec sérieux. Sous la conduite de Paul LANDAIS, ce projet français, basé sur l'organisation régionalisée des informations, est entré en phase de faisabilité. Des moyens financiers conséquents viennent d'être mis à disposition par le Ministère de la Recherche. Le succès de ce projet engage la crédibilité de la Société de Néphrologie face aux pouvoirs publics. L'inertie du système, pour modeste qu'elle soit, ne doit pas être un frein au développement régional des systèmes d'informations ; bien au contraire, il permettra de les fédérer afin qu'un seul questionnaire soit saisi chaque année, par malade, sans renouveler l'échec du Registre de l'EDTA.
La Société de Néphrologie devrait être un interlocuteur privilégié des autorités administratives pour toute discussion concernant l'évolution socio-économique de notre discipline. Son rôle n'est pas de se substituer aux actions syndicales qui ont leur spécificité, mais de contribuer aux exigences de bonnes pratiques médicales, dernier rempart de notre liberté professionnelle. Il serait souhaitable que la Société de Néphrologie, "expert" on ne peut plus démocratique, soit consultée systématiquement chaque fois que se construit une norme réglementaire. Un témoignage de cette vigilance sera la création sur notre site Internet d'une page spéciale consacrée aux liens avec le Gouvernement.
Je ferai équipe avec Françoise MIGNON dont le dévouement à notre Société n'est pas à rappeler. Sa bonne volonté sera, une fois de plus, investie dans le développement de notre projet de formation continue et la défense de règles francophones dans un projet européen qui s'élabore lentement. Michel LABEEUW reste secrétaire et conforte son rôle d'intermédiaire amical et dynamique entre sociétaires avec le soutien de Dominique CHAUVEAU ; quant à Francis SCHILLINGER, il continue d'assumer la lourde charge de Trésorier.
Je les remercie tous de collaborer au dynamisme de notre Société.
Je vous souhaite une très heureuse année 2000.
Jacques CHANARD